Le jazz, qui a fêté son centenaire officiel en 2017, a été inventé aux États-Unis à la fin du XIXe siècle et a révolutionné le monde musical. Puisant dans ses racines africaines et son métissage avec la culture européenne, il reste toujours vivant et même si les grands médias ne lui accordent pas la place qu’il mérite, le nombre de ses adeptes ne faiblit pas.
Il est joué partout sur la planète, dans les clubs les plus petits ainsi que dans les grands festivals plus célèbres. Devenu patrimoine mondial de l’UNESCO en 2011, il est célébré tous les 30 avril dans les grandes capitales du monde.
Pourtant, on ignore qu’une grande partie de ses créateurs, si ce n’est la majorité, ont été membres de la franc-maçonnerie américaine noire Prince-Hall.
À l’occasion du tricentenaire de la naissance de la franc-maçonnerie en Angleterre (1717), il est intéressant de rappeler le rôle que cette dernière a joué dans l’épanouissement de la culture africaine-américaine en général et du jazz en particulier.
C’est ce que le musicien et journaliste Yves Rodde-Migdal vous propose de découvrir dans cet ouvrage synthétique, qui évoque également les particularités de la franc-maçonnerie américaine Prince-Hall, construite sur une société marquée par des siècles d’esclavage et de ségrégation.
L'ouvrage est préfacé par Philippe Foussier Grand Maître du GOdF.
Préface Préambule Les signes En quoi la franc-maçonnerie intéressera les jazzmen au point de comptabiliser jusqu’à la fin des années cinquante, ceux des musiciens qui n’en faisaient pas partie Edward Kennedy dit « Duke », Ellington est l’exemple type de cet engagement Le jazz a changé la face du monde… musical Free Jazz Conclusion
Bibliographie À lire également sur la toile Sept disques à écouter pour commencer votre initiation Citations Quelques célèbres jazzmen avérés et affichés (liste non exhaustive) Annexes Une rencontre musicale et fraternelle Complément Jazz et franc-maçonnerie La Fabrique/Les ABED (le 3 avril 2014) Remerciements
Quand le saxophoniste Albert Ayler débarque en studio en août 1969 armé d’une cornemuse, pour l’enregistrement de l’album « Music Is the Healing Force of the Universe », il y a matière à se poser des questions sur ce choix quelque peu incongru et parfaitement inouï dans le jazz...
Voici un petit livre, certes, mais quel grand sujet ! Ne vous fiez pas à sa mine car pour tous les passionnés par le jazz et par la franc-maçonnerie ce serait grand dommage de passer à côté.
Note de Lecture
L'auteur, lui-même franc-maçon et animateur d'une émission radiophonique sur le jazz, sait de quoi il parle*. De plus , il le fait bien car ainsi nous découvrons des pans entiers de liens qui unissent ces deux mondes. Pour les comprendre et les mettre en perspective, Yves-Rodde-Migdal nous décrit les États-Unis avec toute cette cohorte de conditions discriminatoires et la sauvagerie des pratiques ethniques, toujours pas résorbées. Sans elles, il n'y aurait certainement pas eu la création des deux franc-maçonneries distinctes, notamment celle pratiquée par les afro-américains : la Prince Hall ?
Cette émergence progressive d'un nouveau monde ira de pair avec l'apparition de nouveaux rythmes et de sons issus des profondeurs du continent africain. Cette appropriation se fit grâce à des musiciens de qualité, dont beaucoup restent issus de la Nouvelle-Orléans et qui, pour beaucoup, rejoindront cette franc-maçonnerie noire. Ce contact et cette union jouèrent très longtemps un rôle majeur dans ce processus inévitable et sous-tendu par leur soif d'émancipation. Le jazz, qui exprimait la souffrance, naquit de cette hybridation fertile entre les deux principales cultures nord-américaines. Il trouvera une place de plus en plus grande pour devenir, lui-même, la base de nouveaux courants harmoniques, en particulier ceux de la musique mondiale actuelle.
Je ne vous ferai pas l'affront de mettre des noms à ces musiciens prestigieux ou de l'ombre, l'auteur en égrène un certain nombre et c'est très bien ainsi. Ces jazzmen permettront de sortir cette musique du petit cercle d'initiés pour le répandre outre-atlantique et au-delà. En fin de l'ouvrage, il cite une liste (non exhaustive) de ces artistes, ainsi que sept disques indispensables à une bonne initiation. C'est parfait et nous ne pouvons que l'en féliciter.
Nous sommes très heureux de cette lecture car, vu par un regard extérieur, on n'imagine pas l'importance du lien entre ces deux milieux apparemment très distincts. On peut comprendre, comme l'affirme Yves Rodde-Migdal dans sa conclusion, qu'il nous faut désormais "considérer que la franc-maçonnerie aura contribué à la création d'un événement artistique majeur aux répercussions mondiales dans le domaine de la musique, mais également dans l'idée même de processus créatif et d'innovations allant jusqu'aux recherches poussées dans la lutherie moderne, l'harmonie, la structure du son, remettant toujours en question le travail d'hier pour améliorer celui d'aujourd'hui, et le pousser aux seules limites de la pensée humaine".
Quel coup de Maître (maçon, bien sûr) ce livre ! Bravo et vite, jetez-vous sur sa lecture. C'est indispensable et sa lumière ne pourra que vous éclairer.
* Jazzlib', les 1er et 3e jeudis du mois, 20h30 (et postcastable) sur Radio Libertaire.
Jazz Culture : "Jazz et franc-maçonnerie, une histoire occultée", de Yves Rodde-Migdal
Publié le jeudi 12 avril 2018 à 13h08
Dans "Jazz et franc-maçonnerie, une histoire occultée", paru aux éditions Cépaduès, Yves Rodde-Midgal met en lumière l'importance de la franc-maçonnerie dans le communauté afro-américaine du jazz. Un éclairage particulièrement clair et documenté.
Le jazz, qui a fêté son centenaire officiel en 2017, a été inventé aux États-Unis à la fin du XIXe siècle et a révolutionné le monde musical. Puisant dans ses racines africaines et son métissage avec la culture européenne, il reste toujours vivant et même si les grands médias ne lui accordent pas la place qu’il mérite, le nombre de ses adeptes ne faiblit pas. Il est joué partout sur la planète, dans les clubs les plus petits ainsi que dans les grands festivals plus célèbres. Devenu patrimoine mondial de l’UNESCO en 2011, il est célébré tous les 30 avril dans les grandes capitales du monde.
Pourtant, on ignore qu’une grande partie de ses créateurs, si ce n’est la majorité, ont été membres de la franc-maçonnerie américaine noire Prince-Hall. À l’occasion du tricentenaire de la naissance de la franc-maçonnerie en Angleterre (1717), il est intéressant de rappeler le rôle que cette dernière a joué dans l’épanouissement de la culture africaine-américaine en général et du jazz en particulier.
C’est ce que le musicien et journaliste Yves Rodde-Migdal vous propose de découvrir dans cet ouvrage synthétique, qui évoque également les particularités de la franc-maçonnerie américaine Prince-Hall, construite sur une société marquée par des siècles d’esclavage et de ségrégation.
L'ouvrage est préfacé par Philippe Foussier Grand Maître du GOdF.
CAB CALLOWAY, chef d’orchestre et chanteur (3ème à partir de la gauche), lors d’une cérémonie maçonnique à Minéapolis avec trois frères musiciens.
Une grande partie des créateurs du jazz, si ce n’est la majorité, ont été membres de la franc-maçonnerie américaine noire Prince-Hall.C’est ce qu’affirme Yves Rodde-Migdal dans le livre qui vient de paraître «Jazz & Franc-Maçonnerie. Une histoire occultée» préfacé par Philippe Foussier, Grand Maître du GODF (1).
A l’heure où l’on fête les 300 ans de la franc-maçonnerie et les 100 ans du jazz, les relations entre les deux sont étudiés par un connaisseur à double titre: Yves Rodde-Migdal est un frère du GODF qui a exercé le métier de pianiste de jazz. Plonger dans cette histoire, c’est avant tout découvrir la franc-maçonnerie américaine, ségrégationniste puisque les noirs se retrouvent entre eux dans les loges de l’obédience Prince-Hall. Et cette dernière, comme l’écrit Philippe Foussier, a «offert aux Noirs américains des espaces et des outils d’émancipation dont on sait aussi, et depuis longtemps, le rôle que le jazz y joua, y compris dans sa dimension spirituelle, voire religieuse.»
Rodde-Migdal conclut: «La franc-maçonnerie aura contribué à la création d’un événement artistique majeur aux répercussions mondiales dans le domaine de la musique…»
Yves RODDE-MIGDAL
Rodde-Migdal ignore si John Coltrane était initié, mais selon lui, lorsque le jazzman enregistre The Underground Railroad en mai-juin 1961, il fait référence à «un réseau maçonnique clandestin d’exfiltration d’esclaves vers le nord des USA et le Canada lors de la conquête des nordistes sur le Sud raciste et esclavagistes».
Rodde-Migdal livre une de ses planches de 2014 qu’il termine par: «Le jazz est une aventure individuelle et collective à la fois, est fraternel et individualiste, nécessite de travailler avec acharnement, est en constante évolution et mutation, exactement comme la maçonnerie.» Osant même confier: «Si je suis jazzman et franc-maçon, ce n’est certainement pas par hasard».
(1) Cépaduès Editions (111 rue Nicolas-Vauquelin, 31100 Toulouse), 80 pages, 12€ + 5€ de port, secretariat@cepadues.com
Chroniques littéraires dans les domaines de l'initiation, des philosophies de l'éveil et des avant-gardes : Franc-maçonnerie, hermétisme, bouddhisme, shivaïsme, surréalisme, pensée contemporaine...
Jazz & Franc-maçonnerie
Publié le 27 Décembre 2017, 09:30am
Jazz & Franc-maçonnerie. Une histoire occultée par Yves Rodde-Migdal. Cépaduès-Editions, 111 rue Nicolas Vauquelin, 31100 Toulouse.
Ce petit livre passionnant explore une dimension inconnue de l’histoire du jazz, celle des rapports étroits des musiciens de cet art majeur avec la Franc-maçonnerie et plus particulièrement la Franc-maçonnerie américaine noire dite Prince Hall.
Le jazz, désormais patrimoine mondial de l’UNESCO, vient de fêter le centenaire de son invention en 2017. Son rayonnement ne cesse de s’intensifier malgré le mercantilisme qui empoisonne la création musicale et sa créativité demeure étonnante.
L’histoire de la naissance du jazz est mêlée à celle de la Franc-maçonnerie de Prince Hall par la question de la ségrégation. Un grand nombre des figures majeures de l’émergence du jazz fut membre de Prince Hall.
La Franc-maçonnerie américaine est divisée d’un point de vue racial. Prince Hall naquit en 1775 dans une certaine confusion de l’initiation d’une quinzaine d’esclaves noirs affranchis par un militaire blanc d’origine irlandaise. Longtemps clandestine, en raison des mécanismes violents du racisme nord-américain, la maçonnerie de Prince-Hall sera l’un des principaux moteurs de l’émancipation des noirs, suscitant nombre de créations d’écoles, hôpitaux, banques, centres culturels, associations… accueillant les membres du peuple noir. C’est une société parallèle qui va se développer pas à pas, pendant des décennies avant de pouvoir ouvrir partiellement les portes de la non-séparation. La Franc-maçonnerie de Prince Hall va offrir aux jazzmen des moyens d’exprimer leur art et dans une certaine mesure d’en vivre. Elle va aussi favoriser le rapprochement de musiciens noirs avec des musiciens blancs.
Yves Rodde-Migdal nous décrit la complexité et le dynamisme de cette relation entre jazz et Franc-maçonnerie, mettant ainsi à mal un suprématisme blanc qui tend à se réaffirmer aujourd’hui aux USA. Entre anecdotes, faits et analyses sociétales, il permet au lecteur de comprendre tout l’enjeu porté par cette musique qui a tant apporté au monde, musicalement comme socialement, et qui continuera à nourrir nos esprits. Il propose aussi de saisir le jazz non comme porteur de messages, mais comme le message lui-même, appel à la liberté et à l’inclusion de tous.
« Si on considère, conclut-il, le rôle majeur de la Franc-maçonnerie Prince Hall dans le processus créatif des musiciens de jazz, et si l’on considère par conséquence directe l’influence majeure du jazz dans le monde musical de cette fin de XIXème siècle, son essor pendant tout le XXème siècle et encore en ce début de XXIème siècle, on peut donc considérer que la Franc-maçonnerie aura contribué à la création d’un événement artistique majeur aux répercussions mondiales dans le domaine de la musique, mais également dans l’idée même de processus créatif et d’innovations allant jusqu’aux recherches poussées dans la lutherie moderne, l’harmonie, la structure du son, remettant toujours en question le travail d’hier pour améliorer celui d’aujourd’hui, et le pousser aux seules limites de la pensée humaine. »
Yves Rodde-Migdal, qui se présente comme Jazzman et franc-maçon, nous livre ici un témoignage plus qu’un livre. Rempli d’anecdoctes par cet amoureux de la musique, fin connaisseur du jazz et, pour en comprendre les liaisons avec la franc-maçonnerie, de la maçonnerie américaine et plus particulièrement des loges de Prince Hall où furent initiés la plupart des plus grands jazzman américains. Il serait plus facile de dire ceux qui n’étaient pas maçons que les initiés, Yves Rodde-Migdal nous donnant une liste, non exhaustive, de près de 50 noms.
Dans sa préface, Philippe Foussier, Grand Maître du Grand Orient de France, nous explique : (…) Assurément, la franc-maçonnerie anglo-saxonne en vigueur outre-Atlantique constitue un univers profondément éloigné de celui qui caractérise la franc-maçonnerie libérale et adogmatique que le Grand Orient de France incarne, avec de nombreuses autres obédiences à travers le monde. Continuant à pratiquer la séparation ethnique, cette maçonnerie aura pourtant offert aux Noirs américains des espaces et des outils d’émancipation dont on sait aussi, et depuis longtemps, le rôle que jazz y joua, y compris dans sa dimension spirituelle, voire religieuse. Il faut donc ici saluer l’exercice auquel s’est livré l’auteur, contribuant à éclairer utilement une part méconnue de l’histoire et du présent du jazz dans une Amérique qui, à beaucoup d’égards, continue à entretenir une relation singulièrement complexe avec les proclamations vertueuses dont elle se fait à l’occasion la spécialiste, y compris ses institutions maçonniques. (…)
Et l’auteur, dans son préambule, précise : (…) Ce n’est qu’au prix de luttes incessantes et acharnées de la part de militants noirs qui, dès le début des années 1700, vont prendre conscience de leur situation, que l’esclavage, la discrimination raciale, et le régime d’apartheid que l’on va nommer uniquement « ségrégé », vont enfin être aboli en 1964. Même si Lincoln proclame l’émancipation des noirs le 1er janvier 1863, il faudra encore un siècle pour arriver à une déclaration des Civil Rights Act et en 1965, le Voting Rights Act (droits civils et droits de vote). C’est dans ce terrible contexte que la franc-maçonnerie noire Prince-Hall va naître, prendre forme et s’installer durablement dans la société noire américaine. Mais cette franc-maçonnerie côtoiera la franc-maçonnerie blanche de façon à ce que leurs chemins et destins ne se croisent jamais, ou très exceptionnellement. Sauf pour les musiciens de jazz et nous allons essayer de voir pourquoi et comment. (…)
Jazz & Franc-maçonnerie, Une histoire occultée. Editions Cépaduès, ISBN : 979-1090138582
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