Faire du TEM, c’est simple…
Depuis quelques années, les programmes de formation PPL et LAPL reposent sur les compétences techniques et non techniques, ainsi qu’une nouvelle approche de la sécurité appelée TEM.
Qu'est-ce que le TEM ?
Le TEM est une façon de raisonner pour détecter et anticiper des menaces en tenant compte du contexte dynamique composé à la fois du pilote, de l’avion, et de l’environnement de vol. Certains trouvent le concept TEM très théorique et peu concret car il a du mal à sortir des briefings PowerPoint ou des QCM. Au-delà des théories, il existe plusieurs approches concrètes pour faire facilement une démarche TEM.
Quelle est la signification de TEM ?
TEM signifie en anglais Threat and Error Management, qu'on traduit en français par Gestion des menaces et des erreurs.
Le TEM par les bonnes pratiques
Convaincu ou non, sachez que vous faites du TEM à chaque vol, tout simplement en appliquant les « bonnes pratiques » enseignées par les instructeurs. Celles-ci sont propices à gérer les menaces et les erreurs ainsi qu’à anticiper les situations à risque. Par exemple, pour préparer le vol, vous avez appris à rechercher et analyser tout un tas d’éléments dont notamment la météo. Cette pratique permet d’identifier d’éventuelles menaces sur le trajet et de choisir la bonne contre-mesure : modifier le trajet prévu ou bien reporter le vol.
Les pages 9 à 25 du guide d’évaluation CBT de l’instructeur (FFA, mars 2018) répertorie toutes les « bonnes pratiques » pour chaque phase de vol (préparation, roulage, décollage, etc.). Bien qu’il s’agisse d’un document s’adressant aux instructeurs, il présente un intérêt didactique pour tous.
Aides à la décision et questionnement
Pour aider concrètement à faire une analyse structurée de la situation, il existe des aides à la décision (AD) sous forme d’acronyme facile à retenir. Ces AD permettent d’écarter les aspects émotionnels ou pulsionnels, et de guider méthodiquement vers un choix rationnel. Par exemple le T-FORDEC : Temps disponible, Faits, Options, Risques, Décision, Exécution, Contrôle.
Au briefing, les pilotes militaires anticipent les situations avec le questionnement « what if ». Des scénarios et plans A, B, C… sont prévus d’avance pour répondre aux menaces et aléas. Cela réduit grandement le stress et améliore la vitesse de décision.
Avant chaque vol, la démarche TEM peut consister à s’interroger sur trois points : quelles sont les menaces éventuelles ? Les erreurs possibles ? Les contre-mesures envisageables ?
Raisonnement mental
Faire du TEM peut se faire également par un raisonnement mental introspectif. Il s’agit d’une part de prendre conscience d’éventuelles influences (impératif d’arrivée, pression de l’entourage, délai, contraintes), et aussi de résister aux pensées automatiques (biais, pulsions, émotions). Ainsi, le système de pensée rationnelle peut examiner la situation de manière objective et prendre une décision safe ou plus prudente. Cela demande une certaine volonté et un peu de concentration.
Cas concrets
Vous connaissez le piège de « l’objectif destination », qui peut mettre le pilote en danger s’il s’obstine à mener le vol à son terme prévu malgré une situation qui se dégrade ? Pour cette situation, la démarche TEM vise à identifier certaines menaces qui peuvent conduire à s’entêter dans l’erreur, puis à lister les contre-mesures possibles qu’on peut appeler « outils anti-obstination ». Les menaces sont communément la tombée de la nuit, les conditions météo, le carburant, la pression de l’entourage, l’égo du pilote, des impératifs personnels nécessitant de rentrer, etc. Au cours de votre formation de pilote vous avez appris un tas d’outils « anti-obstination ». Il est probable que vous ne les ayez pas perçus sous cet aspect : le demi-tour, l’IVV, le déroutement, l’interruption de décollage, la remise de gaz, se faire aider par le contrôle, etc. Ces outils, constituent des plans B ou des contre-mesures si et seulement si, vous avez pris conscience des menaces et décidez de les utiliser…
La culture aéronautique, un pilier fondamental du TEM
L’efficacité de la démarche TEM s’appuie sur trois grands piliers : les compétences techniques, les compétences non techniques et… les connaissances (la culture aéronautique). Cette dernière est très importante, mais parfois négligée une fois le brevet passé. En effet, la pertinence des réponses aux questionnements concernant les menaces, les erreurs, et les contre-mesures repose sur le vécu certes, mais aussi sur les connaissances acquises. Enrichir ses connaissances aéronautiques suppose de se pencher régulièrement sur les règlements, les manuels de vol, les revues aéronautiques, les REX FFA, les comptes rendus du BEA, ou encore de discuter avec les anciens.