Didier Planche pour la Revue Alpina
L’alchimie de l’Épreuve de la Terre
Dans son ouvrage éclairé et éclairant, le F. francobritannique Percy John Harvey, passé à l’Orient éternel en janvier dernier, se concentre sur le rituel d’initiation au grade d’Apprenti (du REAA), parce que « c’est là ou/que tout commence » avec la séparation du monde profane, l’expérimentation des quatre éléments lors d’épreuves circonstanciées, puis le trépas symbolique et la renaissance initiatique. Le vécu de cette première initiation
– incommunicable et inaltérable – conditionne la transmutation du récipiendaire : les énergies libérées concourent a la taille de sa Pierre brute, de laquelle éclot sa « Pierre cachée », aussi dénommée
« Pierre philosophale », qu’il porte en lui-même – et n’est autre que lui-même – comme lui révèlent les symboles du miroir et du VITRIOL, pour mémoire Visita Interiora Terrae Rectificando Invenis Occultum Lapidem. D’où le caractère assurément « primordial » de ce premier sacrement initiatique.
En marge de son interprétation ésotérique des Voyages ou épreuves symboliques, quatre en tout, l’auteur s’attarde sur le premier d’entre eux, la Terre, dont le ressenti d’une métamorphose devenue inexorable s’inscrit comme le plus perceptible : le « vieil homme » choisit de renoncer a son mode de vie mortifère, celui dicté par son ego, pour laisser éclore la reviviscence de son Être, c’est-a-dire pour passer des Ténèbres à la lumière. Le lieu hypogé d’action, plutôt de transformation, c’est le Cabinet de Réflexion, la caverne archétypale ou encore l’Athanor des alchimistes, qui « intime » une sorte d’inhumation métaphorique au néophyte pour qu’il rejoigne son centre originel. Il ne s’agit aucunement d’une régression, mais d’une ascendance symbolisée par la gestation d’un « Homme Nouveau », d’un « état conséquent » selon René Guénon, en bref d’un initié qui va s’appliquer au ciselage de sa materia prima. Dans ce même Cabinet de Réflexion, le néophyte s’acclimate, entre autres, aux Trois Principes alchimiques du Soufre, du Mercure et du Sel, entendu le ternaire âme-esprit-corps, lesquels forment les composantes hermétiques du processus initiatique, c’est-à-dire le passage de l’œuvre au noir (putréfaction) a l’œuvre au blanc (purification), puis à l’œuvre au rouge (sublimation).