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Philippe Foussier pour la Chaîne d'Union
On lira avec profit le bref mais dense ouvrage de Didier Molines, qui propose ici un panorama du rite français dans sa continuité en partant du grade d’apprenti pour poursuivre dans les ordres de sagesse. Il s’agit de démontrer la cohérence et la logique du rite de fondation du Grand Orient de France, le plus ancien pratiqué dans la maçonnerie française et aujourd’hui en vigueur dans quelque 85% des loges symboliques de cette obédience. Dans le sous-titre donné à son livre, l’auteur interroge ledit rite : une construction dialectique entre démarche initiatique et engagement social ? Et il répond positivement en exposant ses arguments.
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L’intérêt du livre réside aussi, on l’a dit, dans la démonstration d’une cohérence entre les grades symboliques et ceux situés après la maitrise, le grade pivot. « Si la formation de l’Homme est accomplie au 3e grade, il reste à compléter la formation du citoyen », note ainsi Didier Molines, qui recommande toutefois à ceux qui s’orientent vers les ordres de sagesse de ne pas oublier les loges « bleues ».
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Didier Molines explique avec clarté comment les ordres de sagesse accompagnent la formation du citoyen…
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Lemich Drakkar
Didier Molines,médecin retraité, est un dignitaire du Grand Orient de France.
C’est dans l’esprit de ce rite, pilier de l’obédience, avec des considérations très personnelles, qu’il dirige son regard et son analyse. Il a publié préalablement d’autres ouvrages, dont Les tribulations de « Dieu » au Grand Orient de France : de la croyance obligatoire à la liberté absolue de conscience, les combats de
Marie Alexandre Massol aux mêmes éditions Cépaduès (2024).
Pour l’auteur, le rite français, le déroulement et le contenu de ces cérémonies doivent satisfaire à des lignes directrices, qui ne pourraient pas, pour beaucoup, être spécifiques au dit rite :
• Transparence (et clarté) dans les buts que poursuit le rite, dans le contenu des cérémonies qui doivent présenter une facette explicite de ses symboles, même si leur interprétation ici dispose d’une facette personnelle. L’auteur rejette ici tout ésotérisme au profit d’un apprentissage.
• Continuité et cohérence dans les objectifs poursuivis entre grades bleus et hauts grades et dans leur atmosphère générale.
• Responsabilité concernant les engagements pris envers la loge et l’obédience.
• Simplicité au détriment d’une approche esthétique et parfois foisonnante venant d’influences extérieures, qui fait que l’arbre peut cacher la forêt.
• Collégialité, prévenant l’action exclusive de toute forme de « guru » dans un atelier.
• Rationalité, les connaissances acquises au moyen du rite sont accessibles à tout Frère (ou Sœur), et non réservées à une élite, comme les Arcana Arcanorum de certains rites égyptiens.
• Absence de toute référence institutionnelle à une transcendance, soit que chaque Frère ou Sœur peut admettre une forme de transcendance, ou pas, orientation propre au Grand Orient de France ; en découle, peu ou prou, une liberté absolue de conscience.
• La parole, vecteur dynamique majeur du travail maçonnique au rite français ; par ce vocable de parole, l’auteur y épouse deux objectifs :
o Ici, le logos, signifie raison, et le fait que la recherche de la vérité fait l’objet d’une démarche constante, qui permet de bâtir le temple intérieur, et qui concerne plus particulièrement les grades bleus.
o Une émancipation du citoyen, pour qu’il joue un rôle utile dans la société, plus
particulièrement dans les degrés supérieurs ; il s’agit ici du Temple extérieur.
Constructions du Temple intérieur et extérieur doivent se répondre dans une cohérence commune. À cela s’ajoute une référence particulière et centrale des rituels d’origine de 1785, même si une partie de leur contenu peut être repensé dans une optique actuelle. Ainsi, dans le cadre de ce rite actualisé par le Grand Orient de France, est repris d’une manière élargie le Sapere Aude de Kant, à savoir que c’est la conscience qui guide le maçon et non ses croyances en une forme quelconque de transcendance. À chaque grade et à chaque niveau de l’ordre doit correspondre, dans une progression logique, une série de valeurs qui concourent aux buts du rite.
Certes, l’analyse est propre au Rite Français du GOdF, mais la manière de poser les bases, les principes et valeurs d’un Rite et de la construction de ses rituels devraient « cadrer » ceux qui, à l’aveuglette et sans cohérence, mais aussi sans grande connaissance de l’histoire maçonnique, (ré)écrivent sans grande
cohérence et dans une grande ignorance, le contenu des cérémonies…
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Yvan qui a visionné l'interview réalisée par Jacques Carletto
Ça me donne vraiment envie de lire ce livre.
J’adore le rite français par toute sa dimension suggestive que je trouve très hautement symbolique.
D’ailleurs, je pense que les 3 premiers degrés du rite français sont bien plus symboliques que ceux du REAA, parce que moins visuels et plus introspectifs. Et parce qu’un symbole, ça ne se montre pas, ça se perçoit.
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